Crise du capitalisme ?

samedi 7 mai 2022

La crise, loin d’être le signe d’un possible épuisement du capitalisme, est la preuve par excellence de son fonctionnement normal. Parce qu’en tant que système il se fonde sur le désir de chacun d’exercer le plus de pouvoirs possible et toujours plus, qu’il transforme en besoin sans cesse inassouvi de plus-value économique, l’argent étant le moyen qu’il fournit d’exercer des pouvoirs. Il ne peut donc fonctionner que par un développement sans limite des marchés, matériels ou virtuels, permettant de dégager cette plus-value. Concernant les premiers il a accaparé et exploité à peu près tout ce que la planète est en mesure de fournir pour produire des objets de consommation, quelle que soit leur utilité effective, et il ne lui reste plus guère aujourd’hui que les possibilités, coûteuses et encore assez hasardeuses dans leur mise en œuvre, que lui ouvre la conquête spatiale pour en instaurer de nouveaux. Concernant les seconds, il s’emploie à créer des métavers ou univers virtuels, qui en liaison avec notre réalité tangible lui permettront d’y exploiter en toute impunité la dernière ressource qui ne l’ait pas encore été, l’ensemble des données que nous produisons. La crise n’y est que la marque du passage de la primauté d’un marché à un autre, ou d’une forme de marché à une autre, soit de son principe de fonctionnement. Il ne disparaîtra réellement que lorsqu’il sera dans l’impossibilité d’instituer encore de nouveaux marchés, si arbitraires soient-ils, pour dégager de nouvelles plus-values. Ce qui lui assure encore quelques belles années, même si sa fin n’est pas inimaginable. Etant entendu que si rien ne vient modifier son fonctionnement – et rien n’indique pour l’instant que quoi que ce soit le fasse dans un délai raisonnable – cette fin sera aussi la nôtre du fait de l’épuisement intégral des ressources exploitables dont elle sera la conclusion.

— 
Par Bloom

Les brèves dans Tribune

Vivre et laisser mourir
(24 mai 2025)

Essayer de vivre chaque instant de chaque journée comme si on l’avait voulu intégralement et qu’il doive revenir éternellement, parce qu’il est l’expression exacte de notre singularité (…)

Ni nécessaire, ni superflue
(21 mai 2025)

L’espèce humaine n’est en rien nécessaire. Et on est loin de pouvoir considérer qu’elle manifeste un des quelconques agréments qui se rattache quelquefois au superflu. — Par BLOOM

Pour rappel
(17 mai 2025)

En écho à Nietzsche : tout mot est un préjugé, mais qui varie selon les circonstances de son emploi et les individus qui en usent. Sans par ailleurs jamais en avoir conscience, ce qui est (…)

En creux
(14 mai 2025)

Toute connaissance – et plus largement tout savoir – dépend de ses hypothèses factuelles et méthodologiques, qui déterminent a priori ses limites, et dessinent en creux tout son inconnaissable. (…)