Les trois temps

mercredi 19 juillet 2023

Pendant très longtemps nos existences ont été rythmées par Chronos, mais un Chronos qui prenait la figure du retour cyclique, saisonnier, du même, avec ce que cette périodicité comporte aussi de diversité interne. Certes ce Chronos-là faisait s’écouler le temps, mais en présentant une forme de stabilité structurelle renvoyant au retour d’un même global, supérieur à cet écoulement, et à une transcendance qui le fondait. Le développement de la science, et surtout de ses applications technologiques, nous a livrés à une autre figure de Chronos, celle de sa pure répétition linéaire qui garantit le fonctionnalisme généralisé qui préside à la réalité moderne. Chronos purement efficace, mais ennuyeux dans son efficacité, ennui qui finit par peser sur nos existences. Il a alors fallu l’agrémenter, le pimenter, d’une dose de Kairos toujours plus étendue, ce temps de l’occasion favorable à saisir par les cheveux, quitte à mettre ce Kairos à n’importe quelle sauce, fut-elle la plus saugrenue ou la plus futile, et à l’amputer de son caractère fondamentalement circonstancié. Nous vivons aujourd’hui dans ce Kairos systématique, et donc vidé de sa spécificité, qui est devenu le temps de l’immédiateté obligée, imposée et le plus souvent inutile. Tout cela nous éloignant globalement, progressivement, mais sûrement, des possibilités de vivre Aion, le temps singulier de l’affirmation intense se suffisant à elle-même, celui du paraître ouvrant à l’éternité. Le temps qui disconvient à Kairos et plus encore à Chronos parce qu’il les annule singulièrement.
— 
Par Bloom

Les brèves dans Tribune

Pathologie fatale
(29 octobre 2025)

Certains prétendent guérir l’espèce humaine de ses errements désastreux. Mais la malade est incurable, d’autant qu’elle dispose désormais des moyens technologiques de propager instantanément et (…)

Compréhension ?
(25 octobre 2025)

Nous pouvons assez bien comprendre le monde puisque nous l’instaurons, avec ses structures, ses formalismes et ses fonctionnements, spécifiquement dans ce but. Mais nous ne comprenons jamais le (…)

Tu ne dois pas ce que je ne peux pas
(22 octobre 2025)

Le rigorisme moral n’est que l’expression du ressentiment qui découle de l’impuissance à faire ce qu’il condamne. — Par BLOOM

Ultime espérance
(18 octobre 2025)

Pourquoi, en dépit de ce que les sciences de l’homme nous dévoilent de peu reluisant le concernant, continuons nous globalement à croire en sa bonté, au moins en tant que possibilité, sinon parce (…)