Chiens galeux
(7 juin 2025)
Nous nous comportons le plus souvent comme des chiens galeux, grattant compulsivement nos ressentiments pour à la fois en être irrités et en éprouver une joie mauvaise. — Par BLOOM
jeudi 23 janvier 2025
Serait-il possible (à défaut d’être imaginable) que la philosophie soit mise en concurrence (sérieusement et en quantité suffisante) avec d’autres conceptualisations rigoureuses et laïques, du monde et des façons de le penser, à l’instar, selon leur paradigme respectif, de la religion catholique qui vit sourdre dans son giron notamment l’islam, les sectes ou l’athéisme, ou encore de la Science qui enfanta entre autres les technologies numériques ou l’eugénisme ?
Cette question fait écho à la multiplication des commentateurs exprimant (ici et là) non plus leur opinion (ce qui était déjà beaucoup !), mais des analysmes et conceptualismes de leur macrocosme selon une démarche inductive apparemment logique (parfois même sourcée et documentée), à des fins véristes (avec ce que le mot renferme de fictionnel). Notons que singeant les méthodes philosophiques et scientifiques qui ont bâti l’univers tel que nous le connaissons présentement, ils prétendent bien souvent les dépasser. Bien sûr, comme nous pouvons ôter le qualificatif de « démocratique » à un régime politique totalitaire organisant des élections, ou encore celui de « vertueux » à un clergé réduisant la foi qu’il promeut et qu’il organise, à un ensemble de prescriptions politiques ou de rituels, nous pouvons douter qu’une telle entreprise de formalisation du monde soit seulement humaniste (faute d’être philosophique, c’est-à-dire de se mettre en position d’investigation de la vérité ; j’entends en cela la recherche de ce jugement de la pensée le plus juste, au regard de nos interactions au monde, par une démarche éclairée et sensible).
Mais alors, pour quoi s’accrocher à cette aspiration, à la préoccupation des humanités ? Répondre à cette question c’est, me semble-t-il, répondre à celle du pourquoi cet humanisme ? Délaissant ainsi le but pour la cause, passant de l’objectif à la source - le but nourrissant selon moi trop souvent les arguments du sceptique comme les idéologies utilitaristes.
Alors voilà. Les idées humanistes ont à voir avec une institutionnalisation de concepts nés en réaction inversement proportionnelle à l’asservissement politico-culturel des individus à un ensemble de dogmatismes en Europe au XVIIIe siècle. Le projet fut donc de libérer les consciences individuelles du bâillon qui occultait autant leur bouche que leurs yeux ; les faire sortir de la cave pour profiter du soleil dans le jardin, en quelque sorte. Malheureusement, nous en trouverons toujours prétendre préférer la cave au motif de liberté personnelle ou des risques relatifs à l’exposition au soleil et, les pieds dans la boue, prescrire aux autres leur myopie. Mais, généralement, honnêtement menées, la théorie ne survit guère aux expériences. Dommage que ceux-là même qui ont le dos courbé par les injonctions se fassent les portes-voix ostentatoires de leurs tortionnaires ; car, loin de tout pronostic pragmatique, ils participent de cette manière au dévoiement des méthodes et des idéaux qui naguère délivraient !
En effet, n’avons-nous à craindre que ce soit ainsi que, suivant les mêmes méthodes qui permirent à nos aïeux de se libérer (plus ou moins, selon les critères d’évaluation) certains voudraient nous ramener dans l’obscurité de la servitude ? Car, on le pressent, l’imagination humaine à avilir rencontre moins de limites (et de scrupules) que celle qui en chercherait des motifs alternatifs ; et les formes de la soumission paraissent souffrir de nombreuses sources : nos tropismes, nos émotions collectives, quelques desseins économiques et productivistes, la volonté d’enrichissement ou de pouvoir d’une infime minorité, etc.
À moins qu’il n’existe d’autres jardins !
Mais alors, où sont (où seront) nos vigies, celles qui lèveront le voile des illusions mortifères et liberticides ? Souhaitons-le dans le courage de nos révoltes, loin du chant révolutionnaire des oiseaux méchants.
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Par Marx TEIRRIET
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