Vers les îles Éparses

samedi 22 février 2025 , par Christophe Gicquel

Vers les îles Éparses d’Olivier Rolin, aux Éditions Verdier, 2025. Un récit aussi touchant que vivifiant.

Outre le plaisir de voyager à destination de ces morceaux épars d’une France du bout du monde aussi cocasse qu’improbable, de sembler naviguer ses mers faites d’écumes et de bleus indéfinissables, goûter ses ambiances tropicales, être ébloui par la majesté des étoiles comme celle des îles, deux choses m’ont particulièrement séduit dans ce récit.

Tout d’abord, je reste fasciné par l’efficacité de la langue d’Olivier Rolin à nous faire accéder à la singularité de son expérience humaine. Rolin (l’Olivier, pas d’autres) a la manière d’un orfèvre et nous permet en quelques mots d’accéder à une forme d’intimité, publique mais pudique, directement ; avec si peu d’artifices et de détours que cette âme à nue pourrait presque, malgré ses années de route, paraître candide dans ses surprises, ses hontes, ses désirs gênés, ses excuses muettes, ses orgueils ou ses émerveillements.

Deuxièmement, j’apprécie que ses voyages introspectifs soient ponctués de réminiscences littéraires, fruits d’une vie de lectures (d’une vie et de lectures) davantage que de lectures de vies. J’aime ces citations à propos, choisies, commentées ; constellation du beau et de l’aventure, qui pourrait porter le sceau de la désuétude mais lesquelles au contraire, recentrent le monde, le réel, les faits, dans leur plus bel et valeureux écrin et ce, sans une once de nostalgie rétrograde.

Quant à savoir s’il s’agit, comme le soutient l’auteur, d’un voyage autant dans l’océan Indien que dans la mer de la Sénilité, je doute que cette dernière ne fût jamais parée d’atours plus vifs. En effet, et bien qu’il ne nous soit évidemment pas possible d’accéder à l’entièreté de ses épreuves (notamment physiques), il est confondant de constater que le regard d’Olivier Rolin porte vers le monde, avec une part d’intentions et de gourmandises propre à l’idée que l’on se fait parfois de la jeunesse. Car il ne fait guère de doute que ses pulsions misanthropes sont davantage l’effet d’une inclination de caractère que des ans qui passent.

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