Cahier de l’Herne, Pascal Quignard

mercredi 1er décembre 2021 , par Bloom

Disons-le d’emblée, certes ce cahier est intéressant, mais ce que nous aimons avant tout, nous contributeurs de NoMade, c’est Quignard l’écrivain. Mais le choix est sans doute trop compliqué à faire dans ses œuvres, et parler ici de ce cahier est une façon facile de s’y refuser. Et il est aussi trop compliqué de produire un quelconque commentaire sur ses écrits, qui par leur singularité toujours réitérée échappent à la glose qui chercherait à les enfermer dans une définition trop étroite ou un sens trop rigide. Quignard écrit, singulièrement, des écrits qui ne ressemblent à aucun autre et qu’on ne peut ni résumer dans un discours qui se voudrait critique ni ramener à un genre littéraire qui les étiquetterait pour mieux les banaliser. Quignard est tout entier dans l’effet singulier qu’on éprouve à le lire, qui tient à une extrême proximité et à une irréductible altérité, qui découle d’une prose à la fois simple et excessivement ciselée, musicale. Qu’on éprouve aussi à ce qu’il donne à lire qui nous fait voisiner les bords extrêmes de nos existences et de ce fait les limites ultimes et les plus ténues de la langue et du langage. Il faut définitivement lire Quignard parce qu’on s’y lit aussi bien, dans l’écart solitaire où on s’y trouve avec le monde courant tel qu’il va et avec lui-même. Et pour ceux qui ne résonnent pas avec ses écrits, au moins il n’auront pas le regret d’être passés à côté d’une exception. L’Herne qui lui est consacrée est un intéressant voyage autour de ces écrits, quelquefois très intéressant, quelquefois beaucoup moins. Et puis on y trouve certains inédits crus, violents, féroces qui montrent bien ce qu’il en est des rapports de l’individu à la meute et à sa venue au monde en son sein. Sans doute est-il plus profitable de s’y plonger en ayant déjà une expérience antérieure de Quignard. Mais on y retrouve l’émerveillement et la fascination qui accompagnent sa lecture.

Cahier de l’Herne, Pascal Quignard

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