Contre l’égalité !

mardi 27 avril 2021

Je suis contre l’égalité quand celle-ci n’est plus qu’un mot, qu’une arme politique de répression et de conformation, une revendication au pire ; je suis contre l’égalité quand elle fait trébucher la liberté, laquelle (soudainement immobile) est prise à la gorge sous le poids de cette moralité recyclée ; je suis contre l’égalité lorsqu’elle a vocation à déposer sur la fraternité un voile opaque et hermétique.
Puis, que ni l’une ni l’autre, de la fraternité ou de la liberté, ne puisse plus respirer.

Contre l’égalité qui conduit la femme à être aussi crétine que l’homme, contre l’égalité qui fait de la victime un bourreau, contre l’égalité qui décolonise l’intelligence et l’innovation au profit d’un sens commun ignare, contre l’égalité qui mène en troupeau les singularités et les convertit en moutons, contre l’égalité qui déresponsabilise les individus, qui les culpabilise, contre l’égalité qui promeut des revendications identitaires et communautaires, contre l’égalité qui n’est qu’une façade d’indignations, contre l’égalité qui érige du désir et de l’opinion en droits et métamorphose - par on ne sait quel sortilège - lesdits droits en injonctions, contre l’égalité qui aveugle les plus sages intentions, contre l’égalité qui affame les rêves et les projets crédules de la jeunesse, contre l’égalité qui manipule le passé et remodèle notre collective mémoire future, contre l’égalité qui assèche le cœur de l’humanité et laisse derrière elle un chemin identique au lit d’une rivière tarie, contre l’égalité qui juge, qui tranche, et retranche, qui assène, qui mobilise et fédère uniquement autour d’une émotion, qui positive jusqu’à la discrimination, qui catégorise, qui marchandise et négocie, qui compte, qui pèse, qui compare… et veut faire de sa vérité la seule réalité.
Bref, je suis contre l’égalité, comme je m’oppose à tout dogme, à tout instrument d’asservissement, d’avilissement, de propagande.

Pour autant, elle demeure mon irrépressible passion.

— 
Par Marx Teirriet

Les brèves dans Tribune

Bégaiement
(13 septembre 2025)

L’inconséquence, si chère à notre espèce, bégaie inévitablement. Parce qu’elle survient une première fois comme refus d’envisager et d’assumer les conséquences de ses actes, au profit de prétendus (…)

Indécence
(10 septembre 2025)

Nous réclamons désormais ouvertement et sans vergogne l’immortalité, sans même avoir eu la décence de nous demander auparavant s’il pouvait être de quelque façon souhaitable d’exposer notre (…)

Ne pas prendre l’effet pour la cause
(6 septembre 2025)

L’excès ne fait ni l’exception du talent, ni la singularité du génie. Il n’en constitue au mieux qu’un des éventuels effets induits. — Par BLOOM

Une question d’élégance
(3 septembre 2025)

Ce qui rend les dystopies largement préférables aux utopies tient au minimum d’élégance qu’elles ont de ne pas promettre inconsidérément des lendemains qui chantent pour tous. — Par BLOOM