Transfusion 
(1er octobre 2025)
                   L’esthétique n’est à tout prendre que la forme artistique de la morale, qui remplace le Bien par le Beau. C’est ce qui d’emblée devrait lui ôter toute pertinence. — Par BLOOM
vendredi 11 février 2022
Nous ramenons systématiquement la domination à la volonté subjective de certains, individus ou groupes, de l’exercer et aux supposées manœuvres qu’ils opèreraient pour y parvenir, l’assimilant alors à un choix moral qui nous permet de faire facilement le partage entre méchants dominants et gentils dominés. C’est d’abord continuer à s’illusionner sur le caractère réel du statut de sujet et sur la possibilité de libre choix que nous y rattachons, alors même que le sujet n’a d’autre fonction que de masquer nos multiples déterminations individuées – génétiques, sociales, culturelles. C’est ensuite rater le fait que toute domination est avant tout une organisation structurelle de rapports de forces qui définit des positions relatives et distribuées de dominants et de dominés correspondant à ses modes de fonctionnement, auxquelles s’ajustent automatiquement les individus selon les capacités propres dont ils disposent et celles qui sont requises pour assurer le fonctionnement global et la reproduction fonctionnelle de cette organisation. Ce qui ne justifie en rien quelque forme de domination que ce soit – ni les prétentions de pertinence, voire de transcendance, qu’elle ne manque jamais de formuler – qui est par principe, par construction, contingente puisque basée sur la stratification arbitraire de rapports de forces eux-mêmes contingents et variables. Ceci donnant d’ailleurs lieu aux luttes de structure et de positions qui la traversent inévitablement. Mais ce minimum de lucidité sur la façon dont fonctionne toute domination permet au moins d’éviter de la personnifier – attitude à la base de tout complotisme – et de la reproduire sans même s’en rendre compte en étant persuadé de travailler à sa disparition. Minimum de lucidité qui oblige aussi à admettre qu’il ne peut y avoir de groupe sans domination parce qu’il se construit nécessairement sur l’institutionnalisation de certains rapports de forces. On ne peut que tenter d’améliorer la forme qu’elle prend, tout en étant conscient que cette amélioration ne peut jamais être la même pour tous puisque sa conception dépend en grande partie de la place qu’on occupe dans la structure de domination.
— 
Par Bloom
 Brève précédente
		Brève suivante
 Brève précédente
		Brève suivante  
         Les brèves dans  Tribune
 Les brèves dans  TribuneL’esthétique n’est à tout prendre que la forme artistique de la morale, qui remplace le Bien par le Beau. C’est ce qui d’emblée devrait lui ôter toute pertinence. — Par BLOOM
On s’interroge sans fin sur les raisons de notre inaction globale face au désastre écologique qui va frapper notre espèce, et chacun y va de son explication. Alors qu’il n’y en a qu’une, qui est (…)
Nous vivons les temps de la fin, ceux du dernier homme, énervé, fonctionnalisé, confit de mesquinerie et de médiocrité, livré sans retenue aux addictions de ses croyances arbitraires et absurdes (…)
Le problème de fond qui se pose à l’exercice politique des pouvoirs, quelque figure qu’il adopte, tient à ce qu’en pratique il doit s’adresser à un groupe qui inévitablement, sur un terme plus ou (…)