Notre démesure

lundi 13 septembre 2021

Les Grecs anciens fustigeaient en leur temps la démesure qui entendait égaler leur dieux comme prétention injustifiable et infondée à une puissance qui surpassait radicalement celle de l’espèce humaine. Nous avons souvent tendance à considérer que d’une certaine façon, en imposant une maîtrise technologique au monde, nous avons accompli cette ambition sans avoir eu à supporter le courroux d’une quelconque divinité. Mais nous nous trompons parce que les moyens dont nous usons pour assurer cette maîtrise démesurée nous échappent de plus en plus largement – nous les maîtrisons de moins en moins individuellement. Parce qu’ils ne sont qu’un laisser-faire paresseux accordé à la technologie qui nous soumet de plus en plus à son fonctionnalisme. Là où il y avait une démesure de l’orgueil dans l’hybris grecque il n’y a que paresse et médiocrité dans la nôtre, qui se paie de notre désindividuation massive. Et qui se double d’une démesure dans la rage identitaire de nous faire reconnaître victimes à tout prix et au moindre désagrément. Là encore il ne s’agit pas d’une démesure de la puissance mais bien de l’impuissance et du ressentiment qui en découle, qui fait exemplairement écho aux progrès de notre massification fonctionnelle.

— 
Par Bloom

Les brèves dans Tribune

Pathologie fatale
(29 octobre 2025)

Certains prétendent guérir l’espèce humaine de ses errements désastreux. Mais la malade est incurable, d’autant qu’elle dispose désormais des moyens technologiques de propager instantanément et (…)

Compréhension ?
(25 octobre 2025)

Nous pouvons assez bien comprendre le monde puisque nous l’instaurons, avec ses structures, ses formalismes et ses fonctionnements, spécifiquement dans ce but. Mais nous ne comprenons jamais le (…)

Tu ne dois pas ce que je ne peux pas
(22 octobre 2025)

Le rigorisme moral n’est que l’expression du ressentiment qui découle de l’impuissance à faire ce qu’il condamne. — Par BLOOM

Ultime espérance
(18 octobre 2025)

Pourquoi, en dépit de ce que les sciences de l’homme nous dévoilent de peu reluisant le concernant, continuons nous globalement à croire en sa bonté, au moins en tant que possibilité, sinon parce (…)