Notre démesure

lundi 13 septembre 2021

Les Grecs anciens fustigeaient en leur temps la démesure qui entendait égaler leur dieux comme prétention injustifiable et infondée à une puissance qui surpassait radicalement celle de l’espèce humaine. Nous avons souvent tendance à considérer que d’une certaine façon, en imposant une maîtrise technologique au monde, nous avons accompli cette ambition sans avoir eu à supporter le courroux d’une quelconque divinité. Mais nous nous trompons parce que les moyens dont nous usons pour assurer cette maîtrise démesurée nous échappent de plus en plus largement – nous les maîtrisons de moins en moins individuellement. Parce qu’ils ne sont qu’un laisser-faire paresseux accordé à la technologie qui nous soumet de plus en plus à son fonctionnalisme. Là où il y avait une démesure de l’orgueil dans l’hybris grecque il n’y a que paresse et médiocrité dans la nôtre, qui se paie de notre désindividuation massive. Et qui se double d’une démesure dans la rage identitaire de nous faire reconnaître victimes à tout prix et au moindre désagrément. Là encore il ne s’agit pas d’une démesure de la puissance mais bien de l’impuissance et du ressentiment qui en découle, qui fait exemplairement écho aux progrès de notre massification fonctionnelle.

— 
Par Bloom

Les brèves dans Tribune

Humanisation
(20 août 2025)

Nous avons deux façons complémentaires d’humaniser systématiquement et radicalement notre milieu. La première, la plus directe, passe par sa domestication et sa mise sous tutelle technologique. Ce (…)

Oui ?
(16 août 2025)

Il est facile de dire oui à ce qui convient, ça ne requiert aucun effort. La véritable affirmation est celle qui dit oui aussi à ce qui disconvient et qui ce faisant le surmonte pour en faire (…)

Bonne pratique
(13 août 2025)

Ce qu’il y a de pratique avec la morale, quelque figure qu’elle prenne, c’est qu’en s’y prenant avec suffisamment de précaution, on peut la prêcher sans retenue sans jamais s’y conformer. Le tout (…)

Un diagnostic
(13 août 2025)

Ce n’est pas le monde qui est malade, mais nous qui le sommes, et qui de plus l’infestons. — Par BLOOM