Rien

mercredi 26 octobre 2022

La chose n’est pas l’objet. Celui-ci est posé en même temps que le sujet au sein de la réalité par le discours qui instaure cette dernière, qui les détermine par son lexique et assigne leur relation duelle par sa syntaxe. La chose – rem en latin qui a donné rien en français - est ce qui échappe radicalement à toute discursivité parce que toujours antérieure à cette dernière. Rien parce qu’au bout du compte nous ne pouvons rien en dire, rien en faire. C’est ce qu’il nous est donné d’à peine percevoir des survenirs singuliers du réel à la surface desquels le langage tisse par la parole le voile rassurant d’une réalité à la mesure, réduite, de nos capacités. Tissu réglé, tramé, resserré de discours dans lequel continue à chatoyer un peu le chaos du réel. La chose est l’empreinte du réel qui affecte encore ce tissu, le présupposé donc de tout objet, de l’objectité, donc aussi bien de tout sujet, de la subjectité. Ce que nous pouvons à peine dire mais qui se manifeste dans tout ce que nous disons.
— 
Par Bloom

Les brèves dans Tribune

En miroir
(9 août 2025)

Ne te fais aucune illusion. Ce que les autres apprécient en toi ce n’est jamais toi – de quel toi d’ailleurs s’agirait-il – mais uniquement les satisfactions, matérielles et symboliques, qu’ils (…)

Un début
(6 août 2025)

Le commencement de la puissance consiste à avoir a minima la lucidité de ses impuissances. — Par BLOOM

Ni espoir ni complaisance
(2 août 2025)

Le surhomme nietzschéen a la puissance singulière de faire coexister en lui les extrêmes. Son dernier homme les annule dans sa morne et grise moyenne commune. Mais au bout du compte de l’homme, (…)

Saccages
(30 juillet 2025)

Nous saccageons notre monde et le rendons invivable à proportion de ce que nous saccageons le langage dont nous usons pour le dire, donc pour l’instaurer. Et à voir l’état actuel du premier on (…)