Tous Erôs

dimanche 1er septembre 2019 , par Marx Teirriet

Carcasse rouillée
Qui se grippe
Qui se coince
Qui se pince
Est-ce toujours un corps

Est-ce toujours un corps
Ce bout de chair envahi de fourmis
Et qui gonfle,
Et qui rétrécit
Parfois lutte contre la maladie

Est-ce toujours un corps
Ce désert qui s’imberbe
Raviné par le temps
Tanné par le sel
Des larmes sans peine

Est-ce toujours un corps
Le mien, ou celui d’un autre
Ou celui d’une autre
Qui renient la jeunesse
À la marge du souvenir

Et qui fleurent l’absence
Avec son manque,
Avec les fantômes de ceux déjà partis
Les amis, les amants
Les parents aussi

Et s’abandonnent
Comme un chien sur la route
Mais pas sur le pavé
Plutôt dans les hôtels
à pensionner la vie

Et deviennent des chiffres
Des signes... « Facturé ! »
Des os sans moelle
Qu’on voudrait déjà enterrés
Pour le pognon, pour la vaisselle, ou la haine

Mais qui se rebiffent
En se tenant les pognes
Entre eux puisqu’il n’y a plus personne
Pour les voir tels qu’ils sont
Et non comme des marmots

Et non, et non ! Ils ne sont pas idiots
Alors ? Alors ! Ce sont bien des corps
Et ils se tiennent chaud
Dans leur peur, peut-être
Et ils crèvent, peut-être

Mais en Érôs
Pour que naissent les autres
Pour que s’aiment les autres
Pour qu’ils aient des espoirs
Et pour qu’ils n’en aient plus

Et deviennent des vieux
Comme eux

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