Doit-on choisir entre art et culture ?
Répondre à cette question reviendrait à choisir entre ses jambes et ses bras, sa tête et son cœur…
L’art est ce qui nous relie plus profondément à nous-mêmes - c’est en ce sens qu’il est universel - lorsque la culture tisse du lien entre ceux qui s’y reconnaissent, entre ceux qui s’y opposent.
Il arrive qu’une politique culturelle prenne le prétexte de l’art pour exposer ses plans. Mais que peu l’art est-il autre chose qu’une activité créatrice, personnelle, intime ! laquelle est marquée du sceau de l’impudeur lorsqu’elle se met en scène, qu’elle expose ses atours à la faim des ogres tristes du banquet des fables et de la culture.
Ainsi, très peu de temps la question de savoir pourquoi créer m’a interpellé ; c’est celle de savoir pourquoi se laisser à lire, à voir, à écouter, qui me taraude chaque fois qu’une once de conscience reflue pareil à un état d’âme.
Dans ces moment-là, je me souviens que c’est le sortilège d’une œuvre, pas si rare mais exceptionnel, qui m’a inspiré quelquefois une solitude, la voie vers la radicalité de mon état d’humain. Voilà pourquoi je consens à partager à la surdité du monde des fragments de ma production, lesquels je laisse, telle une lame lente, s’échouer sur les plages du hasard, sans ignorer qu’un promeneur isolé pourrait y tremper les pieds, y rafraîchir sa condition.
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Par Marx Teirriet