Ravages

samedi 6 août 2022

Nous ne nous contentons pas de détruire matériellement le monde, nous le ravageons aussi intellectuellement. D’abord en simplifiant à l’extrême les définitions par lesquelles nous identifions ses éléments constitutifs afin de pouvoir les regrouper dans des catégories moins nombreuses mais de plus en plus indifférenciantes. Ensuite en appauvrissant et en édulcorant ces définitions pour les réduire à de simples jugements d’adhésion ou de rejet. Elles ne disent plus que le pour ou le contre, le bien ou le mal. Définitions de plus en plus morales, voire moralisatrices, de plus en plus émotionnelles, de plus en plus en plus binaires, qui facilitent d’autant la fonctionnalisation à marches forcées du monde en le vidant progressivement de toute nuance et de tout contenu encore un peu réel. C’est d’ailleurs par ce ravage intellectuel que tout commence puisque le monde se fait à l’image de ce que nous en disons.

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Par Bloom

Les brèves dans Tribune

Une question d’élégance
(3 septembre 2025)

Ce qui rend les dystopies largement préférables aux utopies tient au minimum d’élégance qu’elles ont de ne pas promettre inconsidérément des lendemains qui chantent pour tous. — Par BLOOM

Condition liminaire
(30 août 2025)

Il ne peut y avoir de lucidité, si limitée soit-elle, qu’accompagnée d’une dureté équivalente, qui permette de considérer ce qu’elle dévoile avec une distance qui écarte au plus loin la peine (…)

Un raccourci bienvenu
(27 août 2025)

L’idée de justice a toujours bonne presse auprès du plus grand nombre, parce qu’il y voit l’opportunité d’y gagner des droits qui lui resteraient inaccessibles par ses seules qualités. — Par BLOOM

Un défi
(23 août 2025)

Que peut-on faire de mieux pour les hommes sinon les mépriser, pour éventuellement donner à quelques-uns l’envie de le démentir. — Par BLOOM