Ravages

samedi 6 août 2022

Nous ne nous contentons pas de détruire matériellement le monde, nous le ravageons aussi intellectuellement. D’abord en simplifiant à l’extrême les définitions par lesquelles nous identifions ses éléments constitutifs afin de pouvoir les regrouper dans des catégories moins nombreuses mais de plus en plus indifférenciantes. Ensuite en appauvrissant et en édulcorant ces définitions pour les réduire à de simples jugements d’adhésion ou de rejet. Elles ne disent plus que le pour ou le contre, le bien ou le mal. Définitions de plus en plus morales, voire moralisatrices, de plus en plus émotionnelles, de plus en plus en plus binaires, qui facilitent d’autant la fonctionnalisation à marches forcées du monde en le vidant progressivement de toute nuance et de tout contenu encore un peu réel. C’est d’ailleurs par ce ravage intellectuel que tout commence puisque le monde se fait à l’image de ce que nous en disons.

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Par Bloom

Les brèves dans Tribune

Transfusion
(1er octobre 2025)

L’esthétique n’est à tout prendre que la forme artistique de la morale, qui remplace le Bien par le Beau. C’est ce qui d’emblée devrait lui ôter toute pertinence. — Par BLOOM

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(27 septembre 2025)

On s’interroge sans fin sur les raisons de notre inaction globale face au désastre écologique qui va frapper notre espèce, et chacun y va de son explication. Alors qu’il n’y en a qu’une, qui est (…)

Piètre apocalypse
(24 septembre 2025)

Nous vivons les temps de la fin, ceux du dernier homme, énervé, fonctionnalisé, confit de mesquinerie et de médiocrité, livré sans retenue aux addictions de ses croyances arbitraires et absurdes (…)

Décroissance tendancielle de la valeur
(20 septembre 2025)

Le problème de fond qui se pose à l’exercice politique des pouvoirs, quelque figure qu’il adopte, tient à ce qu’en pratique il doit s’adresser à un groupe qui inévitablement, sur un terme plus ou (…)