Indignation

dimanche 6 juin 2021

On s’indigne toujours pour des raisons autres que celles qu’on explicite bruyamment, parce qu’au bout du compte on le fait systématiquement au nom de la commune moralité et du fait du non-respect de celle-ci. Ce qui y est effectivement condamné est l’écart singulier fait à cette moralité, parce qu’il en dévoile le caractère toujours arbitraire, mais aussi parce qu’il met en lumière l’incapacité où on trouve d’accomplir soi-même cet écart. La cause explicite de l’indignation n’est qu’un prétexte, si fondé qu’on puisse être par ailleurs à la combattre effectivement parce qu’elle ne nous convient pas, à la manifestation du double ressentiment qui découle de ces dévoilements.

— 
Par BLOOM

Les brèves dans Tribune

Ne pas prendre l’effet pour la cause
(6 septembre 2025)

L’excès ne fait ni l’exception du talent, ni la singularité du génie. Il n’en constitue au mieux qu’un des éventuels effets induits. — Par BLOOM

Une question d’élégance
(3 septembre 2025)

Ce qui rend les dystopies largement préférables aux utopies tient au minimum d’élégance qu’elles ont de ne pas promettre inconsidérément des lendemains qui chantent pour tous. — Par BLOOM

Condition liminaire
(30 août 2025)

Il ne peut y avoir de lucidité, si limitée soit-elle, qu’accompagnée d’une dureté équivalente, qui permette de considérer ce qu’elle dévoile avec une distance qui écarte au plus loin la peine (…)

Un raccourci bienvenu
(27 août 2025)

L’idée de justice a toujours bonne presse auprès du plus grand nombre, parce qu’il y voit l’opportunité d’y gagner des droits qui lui resteraient inaccessibles par ses seules qualités. — Par BLOOM